Walter Benjamin
Son enfance et ses études pluridisciplinaires
Benjamin Walter est né de parents juifs le 15 Juillet 1892 à Berlin. Il restera dans la capitale allemande jusqu'à l'âge de huit ans puis de 1904 à 1907, pour des raisons de santé, part séjourner à la campagne. Il se lie alors d'amitié avec Gustav Wyneken à l'origine de son incorporation dans les Jugendbewegung, « le mouvement de jeunesse allemande ». Ce courant prône le retour à la nature plutôt que les effets de l'industrialisation du XIXe siècle sur l'environnement. De 1910 à 1914, il publie alors des essais dans la publication de ce mouvement, intitulé« Der Anfang »En 1912, après l'obtention du baccalauréat, Walter Benjamin étudie la philosophie, la philologie allemande et l'histoire de l'art à l'Université « Albert-Ludwigs » de Fribourg-en-Brisgau. A Berlin et à Munich, sa thèse sur le romantisme allemand n'est pas validée. En 1923, il tente à nouveau d'obtenir son habilitation pour pouvoir enseigner mais ce sera à nouveau un échec.

Ses différentes influences
En 1915, il montre son désaccord avec les idées de Gustav Wyneken qui sollicite la jeunesse allemande à servir sa patrie. Plus généralement, il se place en retrait par rapport aux principaux courants de pensée. A l'université de Munich, il noue des liens d'amitié avec Gershom Scholem, spécialiste de la mystique juive. Celui-ci incite Benjamin à partager ses idées sur le sionisme progressiste, sans succès ; l'écrivain reste avant tout attaché à la poésie et au romantisme allemand. Il échange également sa réflexion avec le dadaïste Hans Richter ou Ernst Bloch. Puis, il noue des liens très forts avec Theodor Adorno avant de rencontrer des surréalistes comme Picabia et de s'émouvoir avec les œuvres de Louis Aragon. Une longue correspondance correspond à ses amitiés avec Adorno et Scholem.Des thèmes variés
De par ses études et relations, Walter Benjamin devient écrivain, essayiste, journaliste et traducteur. Ses écrits concernent la théologie, la philosophie du langage, le marxisme. Il est également critique d'art et critique littéraire.Féru de romantisme, il traduit les textes de Balzac, Baudelaire, Proust, Saint-John Perse, Paul Valéry... En effet, c'est grâce à ses travaux de traductions que Benjamin réussit à vivre mais aussi grâce à la rente de son père jusque 1933. Il travaille sur la notion-même de traduction et écrit Die Afgabe des Überstezers (La tâche du traducteur). En 1927, il termine la traduction du livre A l'ombre des jeunes filles en fleurs. C'est en 1928 qu'il travaille sur son récit autobiographique Enfance berlinoise vers 1900 ; texte qu'il n'achèvera qu'en 1938 à cause de ses ennuis financiers et qui ne sera publié par Theodor Adorno qu'en 1950. Un récit plus personnel encore concerne son fils : il s'agit d'un carnet intime dont les dernières notes correspondent à l'année 1932.
Ses voyages voulus ou forcés
Après son pays d'origine, Benjamin découvre la Suisse et l'Italie avec Capri. Il séjourne à Paris en 1926 pour écrire son second essai sur l'auteur qu'il traduit, Charles Baudelaire et ses tableaux parisiens. Dans Images de pensée, il s'exprime sur cette ville dont il est tombé sous le charme : « Paris est la grande salle de lecture d'une bibliothèque que traverse la Seine. » Walter devient ami avec Germaine Krull qui lui offre ses clichés des passages parisiens et il poursuit ses réflexions sur Paris, ses passages et la mode. En France, il partira également pour le Var et Monaco. Ses réflexions se fondent donc sur ces nombreux voyages : Moscou, à nouveau l'Allemagne puis Ibiza où il séjournera quelques mois en 1932 puis en 1933. Cette année-là, il doit émigrer à nouveau vers Paris jusqu'en 1940.Les aléas de sa vie privée
En 1916, l'écrivain philosophe rompt ses premières fiançailles pour vivre avec Dora Pollack qui était alors mariée. Il l'épouse l'année suivante en retardant sa mobilisation et il aura un fils, Stephan Rafaël en 1918. Mais en 1920, Walter connaît déjà des soucis financiers et la famille emménage à Berlin chez ses parents. Il divorce et s'installe à Heidelberg. La vie de l'auteur est semée d'embûches sur les plans personnel et professionnel. Sa mère le nommait d'ailleurs « Monsieur Maladroit ». En 1914, il est d'abord éprouvé par le suicide de deux amis puis il doit renoncer à une carrière d'enseignant à l'université, sa thèse ayant été rejetée. Son œuvre ne sera reconnue que plusieurs années après sa mort même si ses écrits sont célèbres auprès de nombreux lecteurs et chercheurs. Plusieurs tentatives de suicide lui ont été reconnus et Walter Benjamin, surtout vers la fin de sa vie, est un être exilé, sans argent, drogué et incompris. Dès le début des années 1930, il est horrifié par la vie politique de l'Allemagne mais aussi par celle des autres pays dont la situation lui est contée par ses amis dans leur correspondance. Il rédige d'ailleurs son testament dès 1933.Ses réflexions politiques et théologiques
L'écrivain juif allemand se rend très vite compte de la déchéance politique de son pays et de la république de Weimar mais surtout de la montée de l'antisémitisme. Dès 1918, il prend note de l'acharnement du gouvernement envers les étudiants juifs allemands non incorporés. En 1924, il séjourne à Capri où l'ukrainienne Asja Lascis puis Georg Lukács l'encouragent à accepter la pensée marxiste mais Walter n'adhérera à aucun parti. Il rejette particulièrement le matérialisme des marxistes. Concernant la philosophie du langage, il s'appuie sur la mystique juive de Gershom Scholem et ses premiers textes tournent autour du rapport entre esprit et langage au vu de l'essai de 1916 Sur le langage en général et sur le langage humain. Il se prononce pour le côté « mystique » du langage ; il doit lui-même, par son travail de traducteur et critique, « libérer le pur langage captif dans l'œuvre » ; il s'inspire pour cela de la pensée romantique de Goëthe.Il a également travaillé sur le concept d'histoire : par ses réflexions théologiques, il ne considère pas le temps comme linéaire et continu. Il est possible selon lui, de fracturer le passé par la notion de « l'à-présent » (Jetztzeit). Il prend alors exemple sur l'oppression et la violence vécues à son époque.